Nouvelle Ford Fiesta : l'économie à la fête

Commercialisée en carrosserie à cinq portes en mai, la nouvelle Fiesta se présente sous une robe en rupture avec le style maison. De nouvelles motorisations économes et peu polluantes apparaissent.


La nouvelle Ford Fiesta à cinq portes est à la base d'un programme ambitieux. Celui-ci s'articule autour de quatre versions de carrosserie : à trois portes, à cinq portes, un break et un petit monospace qui prendra le nom de Fusion. Si la marque reste très attachée à ses valeurs en taille, en habitabilité, en sécurité et en économie, de nouvelle orientations se font jour en termes de comportement routier et de style.

Le style new-edge, aux lignes tendues et entrecroisées révélé par la Ford Ka puis développé pour les Focus, Puma, Cougar, Mondeo et quelques productions américaines semble avoir vécu. Visiblement, la nouvelle Fiesta cherche une issue pour sortir de ce carcan ingrat aux yeux d'une bonne partie de la clientèle.

Si elle conserve la calandre elliptique tronquée et des arches de roues bien marquées qui soulignent la filiation avec les Focus et Mondeo, des contours plus arrondis et des galbes plus généreux gomment l'austérité fonctionnelle du edge design. A eux seuls, les gros projecteurs très inspirés des Honda Civic ou Renault Clio adoucissent le regard de la nouvelle Fiesta .

A l'intérieur, c'est bonjour tristesse. Les beaux matériaux d'autrefois - tout spécialement les velours de la finition Ghia - ont disparu au profit d'un drap très sec et de plastiques durs au grain incertain. Le tout est affublé d'un volant horrible tandis que certaines commandes sont implantées au petit bonheur la chance. C'est le cas des interrupteurs, intégrés, des sièges chauffants, ce qui est bien, mais à une place différente selon qu'il s'agit du siège conducteur ou de celui du passager, ce qui l'est moins. En prime, la position de conduite surélevée, au demeurant excellente, est, comme sur un monospace, défavorable à la visibilité. Celle -ci est, en effet, contrariée par l'épaisseur du montant de parebrise et la petite taille de la lunette arrière. En revanche, les appuis-tête qui s'intègrent au dossier des sièges en position repos méritent une mention.

Ford profite de cette nouvelle génération de Fiesta pour en rigidifier la coque et concevoir un ensemble moderne qui permet de dissiper l'énergie d'un choc en faisant participer l'ensemble de la structure. Outre les airbags frontaux à retenue programmée, elle est dotée d'airbags latéraux en série et peut recevoir, en option, des airbags rideau protégeant spécifiquement la tête. La Fiesta présente également une pédale de frein rétractable, une disposition qui, si elle ne favorise pas l'esthétique du pédalier, épargne souvent des blessures particulièrement handicapantes.

Sans prendre une hauteur démesurée et grâce à son gabarit un peu au dessus de la moyenne, la Fiesta offre une excellente habitabilité. Mais, son habitacle reste trop étroit pour en profiter totalement.

Côté coffre, rien à dire. Une bonne capacité initiale de 284 litres se combine avec des passages de roues réduits grâce aux suspensions arrière séparant ressort et amortisseur, placés l'un derrière l'autre.

Après avoir longtemps négligé les caractéristiques techniques, si ce n'est sous l'angle économique, Ford s'est décidé à mettre de l'argent sur le tapis pour améliorer le comportement dynamique de ses modèles. Au premier rang de ces changements se placent, naturellement, les suspensions.

Le constructeur met en oeuvre les bonnes recettes que de nombreux concurrents utilisent déjà depuis longtemps. Faux châssis à l'avant pour rigidifier l'ancrage des suspensions McPherson, essieu de torsion au profil en U, en remplacement du simpliste V, à l'arrière constituent les données de base de ce chapitre. Ensuite, viennent des ancrages renforcés, des amortisseurs de qualité, des ressorts décalés pour une meilleure tenue latérale et des cales élastiques à l'arrière calculées afin d'obtenir un effet directeur sous la contrainte.

Hormis la suspension, d'autres points comme la direction ou le freinage, toujours fidèle aux tambours à l'arrière, restent de conception classique pour ne pas dire dépassée. En fait, seul le résultat compte. Mais, l'absence d'aide au freinage d'urgence, d'antipatinage ou d'ESP, même en option, est un handicap dans une catégorie où les constructeurs équipent leurs petites voitures comme des grandes. Ford nous promet ces équipements pour la fin de l'année.

Heureusement, les moteurs replacent la petite Fiesta dans le peloton de tête des techniques de pointe. En vedette figure naturellement le petit diesel 1.4 TDCi que Ford partage avec Peugeot. Compact, léger, sobre et particulièrement peu polluant, tout du moins en termes de CO2, ce nouveau moteur, baptisé Duratorq, développe une puissance modeste de 68 ch mais un couple élevé de 160 Nm dès 1 750 tr/min. Caractérisés également par de bonnes valeurs de couple, les moteurs à essence 1.4 de 80 ch et 124 Nm à 3 500 tr/min ou 1.6 de 100 ch et 146 Nm à 4 000 tr/min combinent brio, faibles consommations et émissions polluantes. En affichant une réduction globale de la consommation d'environ 10 % par rapport à la génération précédente, la nouvelle Fiesta reste fidèle à la vocation économique de cette gamme. Avec des frottements réduits, les moteurs sont conçus pour durer toute la vie du véhicule c'est-à-dire, concrètement, un potentiel de plus de 300 000 km soit, chez nous, une bonne vingtaine d'années d'utilisation.

Feux arrière implantés en hauteur, ailes avant vissées, boucliers conçus pour absorber sans dommage les petits chocs sont également des dispositions qui favorisent l'économie à l'usage. De même, la courroie de distribution du moteur Diesel, dont la durée de vie est estimée à 240 000 km, va dans le sens de la réduction des frais d'entretien.

Dans ce domaine, où les maillons faibles sont les bougies pour les moteurs à essence et la courroie crantée de distribution, pour essence et diesel, Ford est un pionnier de la longévité de ces produits. A 240 000 km, la Fiesta franchit un nouveau pas, tout du moins pour la courroie de distribution dont le remplacement représente un budget d'environ 1500 francs. On peut regretter au passage que les compagnies d'assurance françaises n'en tiennent pas compte dans leurs tarifs comme cela se pratique en Allemagne. En prime, sur les Ford Fiesta, les révisions sont effectuées tous les 20 000 km.

Plus longue, plus large, plus haute, la nouvelle Ford Fiesta perd tout de même son titre de plus « grosse des petites voitures » au profit des Skoda Fabia et Seat Ibiza. Ce qui ne l'empêche pas de conserver la palme de l'habitabilité et de la capacité du coffre.

Outre l'habitabilité, le dessin, la sécurité et l'économie aussi bien à l'achat qu'à l'usage restent les priorités de la marque. La Fiesta répond à de nouvelles exigences en termes de qualités dynamiques, tandis que la finition et l'équipement, points forts des générations précédentes, passent au second plan. Dans le domaine des petites voitures, il n'y a pas de miracle.

Michel MEILLERAY
AutoTitre.com


Nous avons pu également nous faire une première idée du Duratec 1.4 16V. Ici aussi, si les bas et moyens régimes laissent une agréable impression de souplesse et d'onctuosité, il en va autrement dès qu'on laisse grimper l'aiguille du compte-tours en intensifiant la pression sur l'accélérateur. Vu le manque de réaction, on s'énerve dans un premier temps à jouer du levier de vitesse, pour finalement prendre son mal en patience.

En fait, le manque de vigueur dont souffre la Fiesta semble surtout dû à une masse élevée, induisant une inertie d'autant croissant avec la vitesse. Car, sur la balance, la nouvelle petite Ford accuse au minimum 1.035 kg. Par rapport aux 950 kg d'une Peugeot 206 1.4, aux 930 kg d'une Clio 1.2 16V ou aux 880 kg d'une Toyota Yaris 1.3, c'est vrai que cela fait une solide différence.

C'est là le prix à payer pour une rigidité élevée et l'obtention (espérée) d'un "score" à l'occasion des crash-tests Euro-NCAP. A ce sujet, la Fiesta se dotera (de série ou en option, cela reste à voir) des airbags frontaux à déclenchement différencié, des airbags latéraux à l'avant et d'un rideau gonflable destiné à protéger la tête des occupants avant et arrière.

Décevante, la nouvelle Fiesta? Pas si l'on considère son excellent châssis lui conférant un comportement particulièrement précis et un confort supérieur à la moyenne, ainsi que son vaste habitacle "de grande", mais on ne peut que rester perplexe face au manque d'agrément des mécaniques 1.4 16V et 1.4 TDCi.